Chapitre 13: Donner la vie.

__Cela faisait trois fois qu'elle vomissait ce matin là. Etait-ce le stress ou bien la peur ? Elle n'en avait pas la moindre idée, mais elle n'avait pas de temps à perdre.

Cela faisait une semaine qu'elle avait quitté la maison de repos et cela faisait déjà un mois qu'Arthur avait eu son accident. Elle se souviendrait toujours de la voix de Myriam lorsqu'elle avait décroché son téléphone.

- Abygaël ? C'est Myriam à l'appareil, la mère d'Arthur.

- Que se passe-t-il ?

- Je viens de tomber sur un papier qui m'a un peu intrigué, commença Myriam. Il s'agit d'un certificat de mariage. Est-ce ce à quoi je pense ?

- Demandez le a votre fils.

- Arthur n'est pas actuellement en état de me répondre Abygaël, il a eu un grave accident de voiture, il est dans le coma. J'ai pensé qu'étant donné que tu es visiblement sa femme, je me devais de te prévenir.

- Un accident de voiture ? Quand ça ?

- Il y a plusieurs jours, après t'avoir quitté la dernière fois que tu l'as vu.

Son coeur avait comme cessé de battre le temps d'un instant. Elle ne pouvait pas le croire.

Pour la première fois, elle allait voir Arthur depuis son accident. Un mois après. Tant de paperasse l'avait retardé, ne pouvant quitté le centre dans lequel elle était internée. Mais enfin elle était là, sur le point d'entrer dans cette chambre d'hôpital.

Lorsqu'elle le vit là, étendu, comme mort, inerte et froid, un vertige l'emporta. Une infirmière l'attrapa avant qu'elle ne tombe. L'aidant à s'asseoir sur le fauteuil le plus proche du lit, elle lui pris la tension.

- Comment vous sentez vous madame ?

- Mal, répondit-elle, je n'arrive pas a croire qu'on me le prenne encore.

Aby se mit a pleurer, comme une enfant, serrant la main d'Arthur de plus fort qu'elle le pouvait.

- Votre tension est basse, je vais vous faire une prise de sang, d'accord ?

Aby acquiesça, des larmes ruisselant sur son visage délicat. Myriam entra a son tour dans la chambre.

- Dites moi qu'il va se réveiller, lança Aby sans quitter son amant des yeux.

- Il ne se réveillera pas Aby, il est en état de mort cérébrale depuis deux jours. Les machines le maintiennent en vie. Sans elles, il meurt.

- Non, il doit vivre, j'ai besoin de lui, pleura Aby. Quelle décision allez vous prendre ?

- Je ne peux prendre aucunes décisions Abygaël, répondit Myriam, tu es sa femme. Le dernier mot te revient.

La mère d'Arthur quitta la pièce afin de laisser Aby auprès de son mari, pour la laisser digérer sa peine et prendre le choix qu'elle jugerais le meilleurs.

Aby ne quitta pas le chevet du jeune homme pendant deux jours. Au matin du second jour, l'infirmière lui ayant fait la prise de sang lors de son malaise vint la réveiller. Elle avait dormi sur le fauteuil cette nuit encore.

- Madame, j'ai là vos résultats d'analyses. Ils semblent indiquer que vous êtes enceinte.

- Comment ça ? Il doit y avoir une erreur.

- Il n'y a pas d'erreur Madame, venez avec moi, nous allons procéder à une échographie de contrôle puis vous pourrez rejoindre votre mari.

Sans en avoir véritablement conscience, Aby suivit l'infirmière qui lui offrait son bras. Elle ne pouvait croire a ce petit être qui grandissait en elle, a ce coeur qui battait si fièrement. Elle ne voulait pas y croire alors que celui qu'elle aimait mourrait.

L'infirmière la raccompagna au chevet d'Arthur.

- Arhtur, réveille toi ! Tu ne peux pas mourir, tu m'entend ? J'ai besoin de toi ! Je ... Je suis enceinte Arthur, nous allons avoir un bébé, tu te rend compte ? Tu dois vivre, pour le bébé et pour moi. Nous avons besoin de toi. Je t'en supplie, réveille toi !

Assise sur le bord du lit, le visage enfouit dans le torse d'Arthur, Aby ne cessait de pleurer.

Jour après jour, elle venait lui rendre visite, et a mesure que son ventre s'arrondissait, Arthur perdait pied.

Mais elle refusait de prendre la décision de le tuer. Elle ne pouvait se résoudre a le perdre encore. Elle avait pris la main d'Arthur et l'avait posé sur son ventre rond.

-Abygaël, il faut que tu prenne une décision, lança Myriam un jour.

- Ne me dites pas ce que je dois faire, répondit Aby, si vous aviez accepté le fait que lui et moi nous nous aimions au delà de toutes vos idéologies arriérées, nous n'en serions pas là ! Si vous n'aviez pas réagit de la sorte, il n'aurait pas eu a venir me rendre visite dans cette maison de repos, parce que je n'aurais pas eu besoin d'y aller, il n'aurait jamais eu cet accident. Il ne serait pas sur ce lit, attendant que je décide de lui ôter la vie ! Alors par pitié, ne me dites surtout pas ce que je dois faire. Je veux qu'il connaisse son fils, et que mon fils connaisse son père. Je ne veux pas qu'il meure.

Lorsque neuf mois plus tard les premiers cris d'Isaac retentirent dans la maternité, ce fut comme une source de renouveau. Ce merveilleux petit garçon venait inonder de vie les circonstances tragique de sa naissance. Le temps d'un instant, lorsqu'elle le regardait dormir, Aby croyais voir Arthur dans les traits de son fils.

Il lui fallut beaucoup de temps pour prendre la pire décision de sa vie. Elle savait qu'Arthur n'aurait pas voulu rester ainsi, allongé dans un lit, relier a des machines le maintenant en vie malgré le fait qu'il était déjà mort. C'est le coeur gros et avec la décision de lui faire ses adieux qu'elle se rendit auprès de lui. Elle posa Isaac sur le torse de son père et s'allongea près de lui, le visage enfouit dans son cou. Ils restèrent là longtemps, elle aurait été incapable de dire combien de temps exactement.

Soudain, Isaac se mit a pleurer. Si fort, si intensément. Il n'avait que deux jours et Aby ne savait pas quoi faire. C'était la première fois qu'il pleurait ainsi. Elle le pris dans les bras, essaya de le consoler mais rien ne semblait y faire. Elle appela une infirmière.

Alors qu'ils quittaient la pièce, emportant Isaac pour l'examiner, une sonnerie retenti. L'enfant se calma.

Puis une seconde sonnerie. Le coeur d'Arthur accélérait. Comme s'il se réveillait soudainement.

Lorsqu'il ouvrit les yeux et qu'il posa son regard sur son fils, une larme coula sur sa joue. Aby s'effondra, les yeux emplies de larmes de soulagement, de surprise de joie et d'amour. Arthur l'avait écouté, il vivait pour son fils, pour elle, pour la famille qu'il formait a présent.

Il vivait !

- F I N -